D’ici quelques semaines, la coopérative De la Terre à l’Assiette en collaboration avec l’AISBL Jardinier du Monde, va ouvrir son premier site de production à Liège !

Ce sera tout bientôt l’occasion de nous mobiliser ensemble pour investir et mettre en œuvre cet espace citoyen de production collaborative.

Même si la saison est déjà bien avancée, nous souhaitons ne pas perdre un an de production et lancer immédiatement ce qui peut l’être, afin de pouvoir fournir nos membres et sympathisants dès la fin de cet été en délicieux légumes.

Avec De la Terre à L’Assiette, Jardinier du Monde va mettre en œuvre le projet Vtopia sur un terrain appartenant à la société Matexi.

Le projet Vtopia en quelques mots

Le projet Vtopia se veut « écologiquement intensif » selon deux grands axes : celui d’une forte dimension participative et celui d’une agriculture végétalienne sur sol vivant.

Une agriculture urbaine participative et sociale

Cette agriculture vise la participation et la réappropriation sociale des savoir-faire de la terre. La production agricole est vue comme un vecteur de liens. Il s’agira de créer un lieu d’échange et de rencontre pour le quartier et de favoriser la mixité sociale, notamment, par une politique d’ouverture, de dialogue et de respect de chacun(e). La production sera aussi didactique, axée sur la transmission de savoirs.

Concrètement, plusieurs politiques permettront d’atteindre ce but :

– Commercialisation d’une partie de la production via l’auto-cuillette ;

– Réalisation de la production en chantier participatifs – formatifs ;

– Ouverture du site tous les jours et organisation de fêtes à intervalles réguliers ;

– Implication sur les choix techniques et le fonctionnement, notamment mobilisation des mangeurs sur le plan de culture et le cahier des charges, fonctionnement en auto-gestion et intelligence collective.

 Une agriculture végane écologiquement ambitieuse

Le projet a pour ambition technique de développer un système de production réduisant au minimum l’impact sur les écosystèmes proches ou distants (captation de CO2, limitation de l’érosion, renoncement aux biocides, économie circulaire des matières organiques, non-recours à tous les intrants pouvant directement ou indirectement impacter négativement les écosystèmes distants tel que la forêt équatoriale ou les océans).

Or, à un niveau mondial, l’élevage est notamment responsable de 15 à 30 % des GES, il mobilise plus de 85 % des terres agricoles et il exerce d’importantes pressions sur plusieurs écosystèmes menacés dont les océans et la forêt équatoriale.

C’est pourquoi, outre les axes de l’agroécologie et du circuit-court, le projet s’inscrira dans le cadre d’une agriculture végane, c’est-à-dire sans lien avec l’élevage. Ceci implique non seulement l’absence d’élevage sur le site mais également le non-recours à des fertilisants issus de l’élevage : déchets d’abattoirs et effluents. Sans élevage ne signifie toutefois pas sans animaux. Une politique active d’accueil de la faune sauvage sera menée avec notamment pour objectif de réduire la pression des ravageurs (favoriser les prédateurs).

Ces concepts ont déjà donné lieu à un label, celui de l’agriculture Biocyclique Végétalienne, toutefois, afin d’accroître l’efficience d’une agriculture végane, ces concepts seront amendés à la lumière des récents développements de l’agriculture sur sol vivant.

Un accès à la terre pour Vtopia à Vivegnis

Après une longue et infructueuse recherche, nous avons eu la chance, fin 2019, de rencontrer Mr Rusak de la société Matexi qui nous a parlé d’un terrain situé à Vivegnis – Oupeye.

En effet, la société Matexi souhaite développer un projet immobilier sur une parcelle de 6 ha inclus dans le tissu urbain à Vivegnis – Oupeye, à 10 km de Liège. Le projet prévoit de sanctuariser et de conserver définitivement la vocation agricole de l’arrière du terrain. La parcelle globale couvre environ 8 ha et inclus l’étang « Au vivier » ainsi que l’écrin arboré qui le borde.

Dans la philosophie du projet, l’étang, les espaces verts bordant le logement et le « Paysage productif et éducatif » qui s’intégrera entre l’étang et les logements constitue une des principales plus-value du lotissement. Cette dimension « verte » constituera un élément d’attraction pour les futurs habitants ainsi qu’un bénéfice pour le quartier.

En février, avec Jardinier du Monde, il a été convenu de réaliser une étude de faisabilité pour l’implantation du projet Vtopia sur ce site.

Cette étude a rendu ses conclusions en avril. Notons que le potentiel de production alimentaire du site selon le modèle proposé est assez élevé : 125 T/an à terme.

Cette production sera suffisante pour nourrir intégralement une cinquantaine d’adultes ce qui correspond à un excellent ratio de 290 m² de surface productive ou 500 m² de surface brut/adulte.

Toutefois, ce type de production est généralement écoulée sous forme de paniers de légumes qui constituent une partie seulement de l’approvisionnement alimentaire du ménage. Une famille moyenne consomme alors environ 5 kg de légumes/semaine. À ces 5 kg, s’additionnent ici quelques productions complémentaires de farine, légumineuses et fruits, ce qui permet d’envisager un panier moyen de 7 kg/semaine pendant 50 semaines/an.

Selon ce principe, le site pourrait alors fournir des aliments à 1000 personnes au total.

Pour réaliser ce projet, il faudra injecter en 3 ans plus de 300 000€ : 140 000€ d’investissements, 128 000€ de frais de personnel, 42 000€ d’intrants : plants, graines, consommables,…. Toutefois, grâce notamment aux surfaces sous abris, le chiffre d’affaire à terme peut être assez élevé pour supporter ces coûts et sortir du rouge après 3 ans d’activités.

Sur la base de cette étude, en mai, nous avons pu signer un bail à ferme et une convention qui précise notamment que les investissements pour équiper le site seront réalisés par la coopérative de la Terre à l’Assiette et l’AISBL Jardinier du Monde.

Ce bail à ferme nous donne accès à ce terrain de 2,6 ha pour 50 ans !

 

Le bail prévoit une série de clauses que nous avons voulu nous imposer afin de garantir l’esprit de ce projet sur le très long terme envisagé, en voici quelques extraits :

« ARTICLE 2. DESTINATION DU BIEN

Le bien est destiné à titre principal à constituer un paysage productif mettant en œuvre une agriculture vivrière de production végétale végétalienne (maraîchage, grandes cultures, arboriculture fruitière), cette agriculture exclut l’élevage et les liens avec l’élevage.

Le bien est également destiné à constituer un paysage éducatif d’agriculture pédagogique et participative. Dans ce cadre, des activités de formation et des visites ouvertes au public y seront organisées. Il pourra être occasionnellement le lieu d’activités festives et culturelles. »

Ou encore à l’Article 6 :

« Afin de préserver le bien, son environnement et atteindre les objectifs et les fonctions de l’agriculture wallonne tels que décrits à l’article D.1 du Code wallon de l’Agriculture, le preneur s’engage librement à :

– pratiquer une agriculture écologiquement intensive sur sol vivant, nourricière, orientée vers le circuit-court afin de répondre aux besoins essentiels de la population locale ;

– implanter au minimum 50 arbres/ha en vue d’entretenir la fertilité du sol, de le protéger contre l’érosion, de lutter contre le changement climatique en stockant du carbone et d’en atténuer les effets par la création de micro-climats favorables aux cultures, de servir de refuge à la biodiversité, de constituer un paysage esthétique ;

– ouvrir au minimum hebdomadairement le site au public afin de renforcer les liens entre la société et l’agriculture. »

Première étape : l’implantation des parcelles avec le géomètre : merci Laurent pour le sacré coup de main !